|
Poèmes et souvenirs |
Les volets s'ouvrent dans les grands dortoirs La lumière pénètre dans les couloirs Les enfants se lèvent il va donc falloir Passer à la toilette et puis devoir Refaire son lit, descendre au réfectoire Tartine, chocolat ou café noir... Un coup de brosse passé dans les tignasses Les écoliers répartis dans les classes Face au maître, assis aux tables biplaces Sur la carte de France, les enfants placent L'Auvergne, la Bretagne et l'Alsace La cloche retentit, c'est l'interclasse Les gamins jouent dans la cour du château Le cuisinier s'affaire à ses fourneaux Les dames de service terminent les gâteaux Il est midi, les femmes et leurs chariots Servent les adultes et tous les marmots Au menu, du porc et des haricots Pâtisserie finie, et c'est reparti ! Mathématiques, français, l'après-midi Le jardinier ressème des radis Les lingères repassent les habits La secrétaire rédige, compte, planifie Et les femmes de ménage battent les tapis La marmaille retrouve les éducateurs Un goûter et tout le monde à l'extérieur Une partie d'aux gendarmes et au voleurs Harassés, épuisés, tous rentrent en sueur Une douche bien chaude, pour tous les joueurs De la cuisine, montent de bonnes odeurs |
Les copieuses assiettes de soupe avalées Le coup de gant et les dents bien brossées Sur le bord du lit, il faut réviser La longue récitation peine à rentrer La veilleuse de nuit vient d'arriver Les moniteurs, chez eux, peuvent s'en aller Certains ne tardent pas à s'assoupir D'autres replongent dans leurs souvenirs Samedi, la famille va-t-elle venir ? On entend des chuchotements et des rires Dans la nuit noire flotte une odeur de cire Tout le monde finit par s'endormir Aujourd'hui pas de classe, journée repos Randonnée ou balade à vélo Bâtir une cabane près du ruisseau Puis revenir la chemise en morceaux C'est l'infirmière qui panse les bobos La psychologue soigne les autres maux En juillet et en août, sur les chemins De très belles balades entre copains Les toiles de tentes plantées sur le terrain L'après-midi, piscine pour les bambins De longues siestes sous les grands sapins Quelle belle vie, une vie de châtelain ! Nous, anciens élèves et petits colons Tous à l'unisson, nous vous remercions Une belle équipe autour d'un bon patron Que de bons souvenirs nous garderons De ce château, notre maison Aujourd'hui se trouve à l'abandon. |
Haïku
Né entre le XVIIème et le XVIIIème siècle, le haïku est une forme poétique d’origine japonaise. il s’agit d’un court poème de trois vers, de respectivement 5, 7 et 5 syllabes, règle qui parfois peut être assouplie en un nombre de vers indifférent, mais dont le total des syllabes doit toujours être de 17. Les haïkus ne sont pas des poèmes rimés. |
Deux femmes et deux hommes, 4 heures, machine à café – La pause parité ! |
Le Yin et le Yang Féminin et Masculin : L' harmonie rêvée |
Je reviens sur les lieux, les lieux de mon enfance. Tu restes majestueux avec ton innocence.
Guidé par les corbeaux, j'avance le cœur serré sur l'allée du château où trônent les pommiers.
Je longe le jardin où jadis poussaient, pour les petits citadins, légumes en quantité.
J'avance par saccade, le visage ridé, tout comme la façade aux persiennes
fermées. |
Tes parterres de rosiers et massifs de tulipes, aujourd'hui, des ronciers m'arrachent les tripes.
Seules les hirondelles qui nichent sous les toits sont les plus fidèles. Je me demande
pourquoi ?
On n’entend plus les cris des garçons et des filles, dans tes murs assombris, où est ta famille ?
Plus de bruits de crécelles, de parties de ballons, et de jeux de marelle, d'élèves et de colons. |
Tu nous as élevés entre tes ailes dorées. Je me revois glisser sur tes parquets cirés.
Tant de femmes et d'hommes ne perdant aucune minute au service des mistonnes pour en faire des adultes.
Qui est ce matador qui t’a donné la mort ? Tu étais mon mentor tout en technicolor.
Aujourd'hui mon cœur saigne et les larmes me viennent. C'est pour toi ce poème et ces chrysanthèmes. |
Le château de La Bouchatte, tel que je le voyais avec mes yeux d'enfants !
J'ai découvert cette grande maison en 1981 au cours
de mon placement : une immense maison qui nous tendait les bras avec un
grand sourire, toute fleurie. A l'intérieur, de belles couleurs et de
délicieuses odeurs. Dans son ventre, des enfants jouent, courent dans
ses escaliers avec des cris de joie de vivre. Des enfants faisaient des
glissades sur le parquet des dortoirs qui était si propre et si bien
entretenu par les dames de service, fées du logis. Mais, en 1983, je
quitte ce superbe château dans lequel j'ai été élevée, chouchoutée,
dorlotée, aimée !
Au revoir mon château, les années ont passé. Vingt-six années après, je reviens devant ce château qui ne sourit plus, et dont tous les volets sont fermés comme s’il dormait. Il se repose d'avoir accueilli autant d'enfants durant des années et fait une sieste en attendant de recevoir à nouveau d'autres enfants, en ouvrant ses portes. |
En 2011, telle une petite souris, j'ai la chance, le privilège de revenir dans le ventre de cette grande maison. Mais là, c’est un choc, des cuisines au grenier, de bas en haut, j'ai cherché et j'ai compris. Effrayée par ce que je voyais, je réalisais que le cœur de la grande maison ne bâtait plus en 2011. Mon château ne vit plus ! Plus de cuisine brillante, plus de parquets glissants, plus d'odeur dans la lingerie, plus de cris d'enfants : le noir complet, un silence froid et sinistre : LA MORT.
Mon château est mort ! Adieu, mon beau château ! Tu nous a accueillis, dans ton grand parc fleuri et si bien entretenu. Mes petits pommiers, que tes pommes étaient bonnes ! Reposez en paix sur vos quinze hectares d'herbe qui sont devenus un tombeau.
Mon château, comme je le dis et notre château quand j'en parle avec mes camarades.
Merci à Michel Ravel qui a sauvé la mémoire de La Bouchatte. Grâce à lui et à son équipe, il nous reste tous nos souvenirs.
Hommage des anciens de La Bouchatte Aux confins de divers départements Allier, Puy de Dôme, Nièvre, Cher et Indre, il est un lieu-dit calme et charmant, dans un décor champêtre que je voudrais savoir peindre. Il est au centre de la France et au coeur de ma vie. Ce château qui domine ce paysage de verdure. Aujourd’hui encore à l’évoquer, mon âme est ravie. Tant de bons souvenirs perdurent... |
qui devait par la suite revenir aux enfants de classe ouvrières.
Lorsque, de Bengy, le dernier héritier, la vendit à la municipalité,
en l’année mil neuf-cent-trente sur l'initiative de Dormoy, le Maire.
Rénovée par l’architecte Diot et son cadre revisité,
ce château accueillit des générations d’enfants,
pour l’année solaire ou les colons, l’été,
dans des conditions d’hygiène plus que décentes.
Que de Directeurs, cuisiniers, et autre dévoué personnel,
surent apporter les nourritures de l’esprit et du corps.
Et surtout, les liens d’amour essentiels,
dont nous ressentons les bienfaits encore.
Aujourd’hui, enfin rassemblés,
nous tous, leurs enfants, leur disons merci,
pour les soins dont ils nous ont comblés,
et pour l’enseignement prodigué ; encore merci !
Marbres et fontaines Le vent qui déshabille Les filles Et les garçons, Le vent polisson A sauté la haie vive, La barrière et le buisson. Et vive Les filles et les garçons ! Le vent a sauté Le mur fleuri De l’été, Le vent qui pleure et qui rit. Le vent a mené le jeu Par les champs et les bois. Mais le vent viendra chez moi, Cet hiver, souffler le feu. |