Poèmes et souvenirs


Février 2018 - Michel RAVEL



Les volets s'ouvrent dans les grands dortoirs
La lumière pénètre dans les couloirs
Les enfants se lèvent il va donc falloir
Passer à la toilette et puis devoir
Refaire son lit, descendre au réfectoire
Tartine, chocolat ou café noir...

Un coup de brosse passé dans les tignasses
Les écoliers répartis dans les classes
Face au maître, assis aux tables biplaces
Sur la carte de France, les enfants placent
L'Auvergne, la Bretagne et l'Alsace
La cloche retentit, c'est l'interclasse

Les gamins jouent dans la cour du château
Le cuisinier s'affaire à ses fourneaux
Les dames de service terminent les gâteaux
Il est midi, les femmes et leurs chariots
Servent les adultes et tous les marmots
Au menu, du porc et des haricots

Pâtisserie finie, et c'est reparti !
Mathématiques, français, l'après-midi
Le jardinier ressème des radis
Les lingères repassent les habits
La secrétaire rédige, compte, planifie
Et les femmes de ménage battent les tapis

La marmaille retrouve les éducateurs
Un goûter et tout le monde à l'extérieur
Une partie d'aux gendarmes et au voleurs
Harassés, épuisés, tous rentrent en sueur
Une douche bien chaude, pour tous les joueurs
De la cuisine, montent de bonnes odeurs

Les copieuses assiettes de soupe avalées
Le coup de gant et les dents bien brossées
Sur le bord du lit, il faut réviser
La longue récitation peine à rentrer
La veilleuse de nuit vient d'arriver
Les moniteurs, chez eux, peuvent s'en aller

Certains ne tardent pas à s'assoupir
D'autres replongent dans leurs souvenirs
Samedi, la famille va-t-elle venir ?
On entend des chuchotements et des rires
Dans la nuit noire flotte une odeur de cire
Tout le monde finit par s'endormir

Aujourd'hui pas de classe, journée repos
Randonnée ou balade à vélo
Bâtir une cabane près du ruisseau
Puis revenir la chemise en morceaux
C'est l'infirmière qui panse les bobos
La psychologue soigne les autres maux

En juillet et en août, sur les chemins
De très belles balades entre copains
Les toiles de tentes plantées sur le terrain
L'après-midi, piscine pour les bambins
De longues siestes sous les grands sapins
Quelle belle vie, une vie de châtelain !

Nous, anciens élèves et petits colons
Tous à l'unisson, nous vous remercions
Une belle équipe autour d'un bon patron
Que de bons souvenirs nous garderons
De ce château, notre maison
Aujourd'hui se trouve à l'abandon.


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Avril 2016 - Danielle JAMET


Haïku

Né entre le XVIIème et le XVIIIème siècle, le haïku est une forme poétique d’origine japonaise.
 
il s’agit d’un court poème de trois vers, de respectivement 5, 7 et 5 syllabes, règle qui parfois peut être assouplie en un nombre de vers indifférent, mais dont le total des syllabes doit toujours être de 17.

Les haïkus ne sont pas des poèmes rimés.

Deux femmes et deux hommes,
4 heures, machine à café –
La pause parité !
Le Yin et le Yang
Féminin et Masculin :
L'  harmonie rêvée


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Juin 2011 - Michel RAVEL

Je reviens sur les lieux,

les lieux de mon enfance.

Tu restes majestueux

avec ton innocence.

 

Guidé par les corbeaux,

j'avance le cœur serré

sur l'allée du château

où trônent les pommiers.

 

Je longe le jardin

où jadis poussaient,

pour les petits citadins,

légumes en quantité.

 

J'avance par saccade,

le visage ridé,

tout comme la façade

aux persiennes fermées.

Tes parterres de rosiers

et massifs de tulipes,

aujourd'hui, des ronciers

m'arrachent les tripes.

 

Seules les hirondelles

qui nichent sous les toits

sont les plus fidèles.

Je me demande pourquoi ?

 

On n’entend plus les cris

des garçons et des filles,

dans tes murs assombris,

où est ta famille ?

 

Plus de bruits de crécelles,

de parties de ballons,

et de jeux de marelle,

d'élèves et de colons.

Tu nous as élevés

entre tes ailes dorées.

Je me revois glisser

sur tes parquets cirés.

 

Tant de femmes et d'hommes

ne perdant aucune minute

au service des mistonnes

pour en faire des adultes.

 

Qui est ce matador

qui t’a donné la mort ?

Tu étais mon mentor

tout en technicolor.

 

Aujourd'hui mon cœur saigne

et les larmes me viennent.

C'est pour toi ce poème

et ces chrysanthèmes.



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Novembre 2011 - Ghislaine LETAILLEUR

Le château de La Bouchatte, tel que je le voyais avec mes yeux d'enfants !

J'ai découvert cette grande maison en 1981 au cours de mon placement : une immense maison qui nous tendait les bras avec un grand sourire, toute fleurie. A l'intérieur, de belles couleurs et de délicieuses odeurs. Dans son ventre, des enfants jouent, courent dans ses escaliers avec des cris de joie de vivre. Des enfants faisaient des glissades sur le parquet des dortoirs qui était si propre et si bien entretenu par les dames de service, fées du logis. Mais, en 1983, je quitte ce superbe château dans lequel j'ai été élevée, chouchoutée, dorlotée, aimée !

Au revoir mon château, les années ont passé. Vingt-six années après, je reviens devant ce château qui ne sourit plus, et dont tous les volets sont fermés comme s’il dormait. Il se repose d'avoir accueilli autant d'enfants durant des années et fait une sieste en attendant de recevoir à nouveau d'autres enfants, en ouvrant ses portes.

En 2011, telle une petite souris, j'ai la chance, le privilège de revenir dans le ventre de cette grande maison. Mais là, c’est un choc, des cuisines au grenier, de bas en haut, j'ai cherché et j'ai compris. Effrayée par ce que je voyais, je réalisais que le cœur de la grande maison ne bâtait plus en 2011. Mon château ne vit plus ! Plus de cuisine brillante, plus de parquets glissants, plus d'odeur dans la lingerie, plus de cris d'enfants : le noir complet, un silence froid et sinistre : LA MORT.

Mon château est mort ! Adieu, mon beau château ! Tu nous a accueillis, dans ton grand parc fleuri et si bien entretenu. Mes petits pommiers, que tes pommes étaient bonnes ! Reposez en paix sur vos quinze hectares d'herbe qui sont devenus un tombeau.
Mon château, comme je le dis et notre château quand j'en parle avec mes camarades.
Merci à Michel Ravel qui a sauvé la mémoire de La Bouchatte. Grâce à lui et à son équipe, il nous reste tous nos souvenirs.


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Février 2010 - Artiste inconnu


Hommage des anciens de La Bouchatte

Aux confins de divers départements
Allier, Puy de Dôme, Nièvre, Cher et Indre,
il est un lieu-dit calme et charmant,
dans un décor champêtre que je voudrais savoir peindre.

Il est au centre de la France et au coeur de ma vie.
Ce château qui domine ce paysage de verdure.
Aujourd’hui encore à l’évoquer, mon âme est ravie.
Tant de bons souvenirs perdurent...

La Bourgeoisie d’Auvergne acquit cette propriété
qui devait par la suite revenir aux enfants de classe ouvrières.
Lorsque, de Bengy, le dernier héritier, la vendit à la municipalité,
en l’année mil neuf-cent-trente sur l'initiative de Dormoy, le Maire.

Rénovée par l’architecte Diot et son cadre revisité,
ce château accueillit des générations d’enfants,
pour l’année solaire ou les colons, l’été,
dans des conditions d’hygiène plus que décentes.

Que de Directeurs, cuisiniers, et autre dévoué personnel,
surent apporter les nourritures de l’esprit et du corps.
Et surtout, les liens d’amour essentiels,
dont nous ressentons les bienfaits encore.

Aujourd’hui, enfin rassemblés,
nous tous, leurs enfants, leur disons merci,
pour les soins dont ils nous ont comblés,
et pour l’enseignement prodigué ; encore merci !


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1973 - René Varennes 1922 / 2013


Marbres et fontaines

Le vent qui déshabille
Les filles
Et les garçons,
Le vent polisson

A sauté la haie vive,
La barrière et le buisson.
Et vive
Les filles et les garçons !

Le vent a sauté
Le mur fleuri
De l’été,
Le vent qui pleure et qui rit.

Le vent a mené le jeu
Par les champs et les bois.
Mais le vent viendra chez moi,
Cet hiver, souffler le feu.