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Pourquoi cette chanson ? |
La
Bouchatte, 50 ans plus tard
Le
9 février 2025, cela fait cinquante ans que mes pas ont franchi pour la
première fois le portail de La Bouchatte. Cinquante ans déjà, et pourtant, les
souvenirs de ce jour sont aussi vifs que si c’était hier.
Je
revois la Ford Tonus bleue s’avancer dans l’allée bordée d’arbres. Ce moment,
suspendu dans le temps, où le château imposant s’est dressé devant mes yeux
d’enfant. J’étais là, perdu dans l’immensité de ce lieu inconnu, le cœur lourd,
mais curieusement calme.
Je
me souviens de ce camarade qui avait pris ma valise et m’avait offert ces
quelques paroles rassurantes : « Ne pleure pas, tu verras, ici nous sommes
bien. » Ce simple geste avait jeté une lueur d’espoir sur mon appréhension.
Les
premiers jours furent pourtant difficiles. L’écho de mes pas dans les couloirs,
le silence pesant des dortoirs, le parquet qui craquait la nuit… Tout cela
résonne encore dans ma mémoire. La solitude pesait sur mes épaules, mais peu à
peu, j’ai apprivoisé ce nouvel univers.
Aujourd’hui,
cinquante ans plus tard, je me tiens à nouveau devant ces murs, témoin des
épreuves et des joies qui m’ont forgé. Ce lieu, qui m’avait semblé hostile au
premier abord, est devenu un refuge, un endroit où j’ai appris à grandir, à
affronter la vie et à me connaître moi-même.
Je
rends hommage à La Bouchatte, non seulement pour les leçons qu’elle m’a
enseignées, mais aussi pour les moments précieux et inoubliables que j’y ai
vécus. Les rires dans le parc, les activités partagées avec mes camarades, les
veillées qui faisaient oublier les mauvais traitements que je subissais dans ma
famille… Autant de souvenirs qui illuminent cette période de ma vie. Ici,
j'étais en sécurité, protégé des tumultes de ma vie familiale, et cela m’a
permis de trouver un répit et une stabilité indispensables.
Chaque
recoin de ce parc, chaque pierre de ce château, porte l’empreinte d’un moment
heureux. La Bouchatte n’était pas simplement un pensionnat, elle était un
foyer, un lieu de rencontres et de découvertes, un espace où j’ai appris à
apprécier la vie et ses petits bonheurs.
Alors
que je célèbre ces cinquante ans, je ressens une profonde gratitude envers cet
endroit qui a joué un rôle si important dans mon parcours. La Bouchatte, tu es
plus qu’un souvenir. Tu es une part de moi, un chapitre essentiel de mon
histoire.
